HOMMAGE A VINCENT LE GOFF

Desorges Art Gallery

« Hommage à Vincent Le Goff – Résistant et Martyr du 16 aout 1944 à Eyliac  »
Technique Mixte sur panneau de bois
150 X150 cm – 2014
Dominique DESORGES

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Texte sur tableau
Le 08/01/2015 

Hommage:

Cette toile est un hommage que j’ai voulu rendre à mon grand-père, que je n’ai jamais connu et qui est mort le 16 août 1944, 3 jours avant la libération de Périgueux. Il avait 32 ans.
Il faisait partie de la résistance, comme ses 16 autres camarades, assassinés et torturés ce jour là par la triste et célèbre Division Das Reich, Il voulait que ses enfants puissent vivre un jour dans un pays libre.
En réalisant ce tableau, dont la forme est une France déchirée, torturée, déformée, je me suis complètement investi mentalement et ressentais comme un devoir de rendre hommage, à travers lui, à tous ces hommes qui ont donné leur vie pour que nous vivions libres.
C’est en leur mémoire, que je souhaitais également passer le message  » Plus jamais çà !  »

Dieu est amour, et certains veulent le servir en développant la haine.
Même nombre de lettres, mais pas le même sens. Alors que certains en ce monde œuvrent pour la paix et l’amour, d’autres détruisent toutes leurs actions pour offrir un monde invivable.

A propos de Vincent Le Goff:

Vincent était marié et avait une petite fille, Yvette.
Avec sa femme Fernande, ils hébergeaient une petite fille juive, « la petite Béa », dont les parents avaient été déportés. Seul, son Grand-père, qui se cachait la journée dans les bois, venait la voir de temps en temps. Il faut se rappeler que les SS avaient pour habitude, pour ce genre d’aide apportée, d’enfermer tout le monde dans la maison et d’y mettre le feu.

Il était comptable à la caisse d’épargne de Périgueux.
Il avait refusé le poste de directeur qu’on lui proposait pour rejoindre la résistance, parce qu’il ne supportait plus de rester derrière un bureau, alors qu’en Allemagne, des prisonniers attendaient d’être libérés.

Une plaque de marbre, à sa mémoire est présente sur le mur de la caisse d’épargne de Périgueux.
Et à Boulazac, en Dordogne, une rue porte son nom, l’impasse Vincent Le Goff.

Vincent était également artiste peintre, j’ai reproduit en bas à droite
du tableau, un bouquet de fleurs qu’il avait peint à l’aquarelle.

En dessous, J’ai souhaité que sa signature figure sur ce tableau, au dessus de la mienne, considérant que nous avons en quelque sorte réalisé ce tableau « ensemble », de part l’investissement mental et l’expérience
émotionnelle sans comparaison aucune avec ce que j’ai l’habitude de vivre quand je peins.
On peut dire que pendant la réalisation de celui-ci, je vivais dans le maquis, avec le groupe Mercedes de l’Armée Secrète.
Je voyais marcher, des 2 côtés de la route la colonne SS, puis je les voyais dans les bois encerclant le refuge où 8 premiers maquisards furent tués sur place. Et ensuite, investissant les maisons à Eyliac pour y déloger les autres résistants cachés.
Et vécu, par la vision, le martyr qu’ils avaient subit, lui et ses camarades dans l’écurie, près de la boulangerie. Avant d’être attachés par une corde, et traînés sur 1 Km, jusqu’au Chaubier où ils furent finalement fusillés.
Deux dates accompagnent nos deux signatures, 1944 et 2014.
70 ans séparent ces deux moments de vie, mais la force de l’art, et l’introspection savent recombiner le temps, le déformer, lui faire correspondre de nouvelles abscisses et ordonnées, des clefs, qu’utilise le passé pour nous envoyer des messages.

Les symboles :

Les trois trous dans le tableau, symbolisent,
Le débarquement de Normandie, le débarquement du Sud ( St Tropez), et la bataille des Ardennes.

La colonne Das Reich a été comparée à un Cobra qui remontait vers la Normandie pour aller combattre les alliés.
La résistance Française était comparée au bâton qui, s’agitant devant le Cobra, lui faisait cracher son venin, l’affaiblissant ainsi sans cesse, le retardant à rejoindre les côtes normandes.

Ce serpent, la 2 ième Division Das Reich, sort de la tête même d’Hitler.
Cette division « d’élite » était le fruit de sa pensée malade, qu’il avait concrétisé en mettant sur pied cette machine de guerre horrifiante. Ce sont eux qui, deux mois auparavant, avaient ravagé le village d’ Oradour-sur-Glane.

Vincent est représenté avec sa fille unique Yvette . Elle avait 9 ans à la mort de son père. Elle espérait tous les jours que celui-ci revienne à la maison et attendait en vain qu’il frappe à la porte.

Au dessus du portrait de Vincent, Yvette est représentée en communiante à l’âge de 12 ans.
Elle semble communier toujours avec son père qu’elle n’a pas oublié et qu’elle n’oubliera jamais. Ces deux là, sont liés pour l’éternité.
Son portrait se détache sur un fond de forêt en automne. L’arbre, symbole de la vie. L’ automne pour le symbole de l’or et représentant la purification de la matière chère à l’alchimie, atteinte ici par la prière et la communion de l’âme.

Yvette a eu 2 enfants et 4 petits enfants, tous des garçons.

Six éclats d’obus encadrent le tableau,
Ils représentent les 6 garçons issus de la descendance de Yvette.
Jean-Yves et Dominique, petits fils de Vincent.
Anthony, Wesley, Andrea et Virgil, arrières petits fils de Vincent.

Sur les éclats d’obus, des traces d’or portent le message
de la transmutation du métal en Or. Symbole de la purification de l’âme.
Le message de la vie qui ressurgit de toute souffrance.

Pour purifier la matière: 3 phases pour accomplir le magnum Opus ( le grand œuvre), transmutation du plomb en Or, obtenir la pierre philosophale, ou produire la Panacée.

– C’est d’abord « l’œuvre au noir » où il faut casser la matière, phase de séparation et de dissolution de la substance, la calcination de la matière première, en la broyant, en la chauffant dans le creuset alchimique, en l’attaquant avec de l’acide. Ce travail de longue haleine peut requérir des milliers d’opérations et durer des années. Le but de l’œuvre au noir est de
séparer la matière de ses scories, en raffinant celles-ci jusqu’à atteindre la purification de la matière.
– Puis, « l’œuvre au blanc » où il faut ouvrir la matière pour voir son âme, et consiste à accueillir la lumière dans la matière, à la laisser descendre en nous, en n’y faisant plus obstacle. C’est tout le travail de la rectification de l’être. Rectification à prendre, non pas au sens de correction d’un défaut, mais plutôt au sens d’acquérir une droiture, une rectitude (mot qui à la même racine que rectiligne, ligne droite).lorsque ce processus s’accomplit, la matière devient transparente et laisse passer la lumière .
Une invitation pour nous à laisser mourir l’ego, à ne plus chercher à briller à partir de l’intellect, mais bien à rayonner à partir du cœur.

– Et enfin « l’œuvre au rouge », l’ultime phase où le feu primordiale se réveille et donne naissance à la pierre philosophale. Qui permettra la transmutation des métaux en Or, la guérison de toutes les maladies par la panacée et la prolongation de la vie par l’élixir de jouvence.
Sur le plan psychologique, l’œuvre au rouge consiste à réanimer le feu primordial en nous, en ressuscitant le phénix qui sommeille en nous . Comme le disait Carl Gustav Jung, le but ultime de l’alchimie n’est pas d’atteindre la perfection, mais la plénitude et la complétude .
L’œuvre au rouge est ce qui surgit une fois que tous les morceaux de notre être ont été rassemblés. Ce n’est que lorsque l’individu est vraiment UN qu’il peut vivre ‘l’expérience de la Réalisation : à ce moment il est, comme le disait Nietzsche, par delà le Bien et le Mal.

En bas à gauche du Soldat SS est représenté, en jaune, le département de la Dordogne. Le point plus clair presque au centre représente la ville d’Eyliac.

Sur la droite en bas du tableau, 17 étoiles montent au firmament
du ciel. Ce sont les âmes des malheureux partis ce jour là. Leurs vies continuent, mais ailleurs… Elles ne sont plus terrestres, mais elles sont là et nous observent…

Dans le ciel, à leurs côtés, on peut apercevoir un nouveau-né « Céleste ».
il annonce le signe d’une deuxième naissance.
Il est aussi la représentation de l’âme du petit Pierrot, le premier enfant
de Vincent, mort dix ans avant lui et qui semble, à la porte de l’éternité, l’accueillir pour l’accompagner vers sa nouvelle demeure.

« Vincent était mon Grand-père »
Dominique DESORGES- Janvier 2015

(Références alchimiques :Textes de Jean-Jacques Crèvecœur)

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